Pages: 1 2
CRES : derrière cet acronyme, se cache un néologisme qui fait un clin d'œil au fameux CROA des astronomes.
CROA : Compte Rendu d’Observations Astronomiques.
Le CROA peut être technique, humoristique ou les deux, il donne les conditions de la soirée, le matériel utilisé, la description des objets observés, le temps passé, etc.
Le but essentiel est de garder une trace pour soi ou à partager.
Donc, CRES : Compte Rendu d'Exploration Spéléologique.
Bon après cette déclaration liminaire, place à une introduction pour pouvoir bien comprendre la suite...
Le département des Vosges, en amont du Bassin Parisien, est composé de terrains sédimentaires à l’Ouest, d’une partie gréseuse vers le centre, puis cristalline à l’Est. Le découpage passe au centre du département par une diagonale NE-SO. La partie Est compose le Massif Vosgien et la partie Ouest la Plaine. Il y a peu de cavités dans le département. Avant la découverte qui va suivre, 3 cavités importantes pour environ 7 km de galeries étaient connues. Donc dans ce contexte, toute nouvelle découverte est très importante.
Ce qui suit est le début d'une histoire vraie qui commence en 1990, je serai dans l'obligation de découper en plusieurs épisodes le CRES, comme dans la réalité de l'exploration.
Paul est l'inventeur de la cavité (celui qui a trouvé l'entrée).
C’est donc quelques jours plus tard, que Paul et moi nous nous rendîmes sur les lieux. D’après lui je devais passer car je suis plus petit.
Nous avions pris le minimum de matériel, pour ne pas dire rien. Environ 30° sous une canicule, nous approchons de l’entrée.
«Eh, mais il fait frais ici ! … ça souffle…»
L’entrée est réellement basse. Après avoir mis une combinaison et pris une lampe torche, je m’enfonce lentement, descends légèrement et tourne. L’oreille gauche sur le sol, l’oreille droite au plafond, j’aperçois environ trois mètres.
«Paul, tu es optimiste, je ne passe pas ! De plus ça sent mauvais … tu es sûr que je ne vais pas être nez à nez avec un renard ?»
«Mais si tu passes… tu as peur ?»
«Pour les renards, oui assez ! Attends, je retire des pierres. Tiens attrape»
Après avoir dégagé quelques pierres, je ressors.
«Çà continue, mais le plafond est bas, il faut creuser un peu la terre»
Retour au camping-car de Paul. Après une recherche, la pelle plastique pour nettoyer devrait faire l’affaire. C’est ainsi que nous avançons d’une dizaine de mètres en creusant une rigole…, et en dégageant des excréments d’animaux. Après avoir perdu et retrouvé l’ampoule et les piles de notre seule lampe torche, nous faisons demi-tour.
Temps Passé Sous Terre (TPST) : 2 H 30
Quelques jours plus tard, c’est avec notre matériel spéléo, et des outils adéquats que nous retournons à la cavité. Devant moi, c’est bouché. Je commence à retirer les pierres et à les jeter à gauche. Au bout de quelques minutes afin de laisser la place à Paul, j’entame un demi-tour et… constate que la suite est à gauche. Avec énergie je renvoie les pierres d’où elles venaient, force un peu et passe.
«Paul, c’est plus grand… »
Après avoir arraché une grosse pierre avec sa poitrine lors de son passage, Paul me rejoint.
Quelques mètres plus loin nous trouvons au sol un piège à renard. Nous sommes peut-être les premiers hommes à cet endroit, mais pas les premiers êtres vivants.
Après un ramping et quelques passages qui semblent à chaque fois être la fin, nous progressons jusqu’à l’arrivée au pied d’une coulée stalagmitique qui obstrue le passage. Un trou d’une dizaine de centimètres de diamètre laisse passer un violent courant d’air qui fait siffler la flamme de nos lampes.
«Ça doit être gros derrière avec un courant d’air aussi fort… dans les Vosges, incroyable !»
Nous essayons par la droite pour shunter le passage … sans succès.
TPST : 3 H 30
La suite dans les prochains jours
Quelques photos (de qualité moyenne, car fait avec un petit scan sur des copies de diapos)
L'entrée, …lors d'une sortie d'exploration !
3 à 4 mètres derrière l'entrée, où en 1990 j'ai creusé avec une pelle de ménage en plastique pour atteindre 9 m de progression en 2h30
Début de la galerie du piège (à renard)
Premier endroit debout depuis 51 mètres, avec une petite "fenêtre" qui donne sur la suite de la cavité. Cette galerie qui est en cours de rebouchage par les concrétions a bien failli ne pas nous dévoiler la suite de la cavité... D'ailleurs sur la suite du CRES, vous verrez le dessus de la coulée stalagmitique qui ne laissait plus qu'une dizaine de centimètres de libre.
Dernière modification par Eric P88 (06/08/2015 21:30:35)
Hors ligne
Dans le doute : ça plaît , ça ne plaît pas , je mets la suite
Suite du CRES
Début du mois suivant, Paul retourna seul pour casser l’étroiture.
TPST : environ 4 H
Fin du mois, reprise de l'exploration en première.
C’est à trois que nous commençons l’exploration. Je constate avec plaisir le travail de désobstruction de Paul, pour deux mètres plus loin... trouver une suite peu engageante. Une concrétion réduit encore plus le passage.
«Paul… Ça serait mieux si on la cassait»
«Non!»
Après avoir défait le casque et raclé le sol avec le sternum nous arrivons dans un des plus beaux passages de la grotte, un gour vide avec trois stalagmites en forme de massues. Passant avec précaution pour ne pas les abîmer, la sortie reste encore assez basse. Celle-ci mène dans une galerie de belle dimension.
Quand les trois sont enfin réunis, c’est l’euphorie…
Passons aux photos :
Sortie de l'étroiture dans la coulée stalagmitique
Arrivée dans le gour
Dans le gour
A la sortie du gour en regardant vers l'entrée
Même endroit (sortie gour) en regardant vers le fond
Debout, à quatre pattes, en rampant, nous avalons la galerie pour arriver dans une salle où un bloc fait penser à une table.
«Ça queute !»
«Non regarde à droite»
On remonte une diaclase importante qui se rétrécit trop pour continuer. Patrice et moi tentons de passer plus haut dans la diaclase, tandis que Paul retourne dans la salle.
Après avoir bien regardé, il trouve la suite sous le bloc.
C’est très étroit, trop au goût de Paul et moi, Patrice plus à l’aise et plus fin, s’enfonce délicatement.
«Patrice, çà continue ?»
«Attends, je me retourne…», «ça a l’air…»
«Avance un peu, mais ne prends pas de risques…»
«Ok»
De longues minutes se passent avant que la lumière revienne.
«Alors !»
«J’ai fait environ cinquante mètres, il y a encore des diaclases, je suis monté dans une salle et ça a l’air de continuer…»
Après beaucoup d’efforts, on arrive à extraire Patrice de ce passage très délicat.
TPST: 4 H
La topographie réalisée ultérieurement donnera l'étroiture à 75 m de l'entrée, la fin du passage des massues à 90 m, la salle de la table à 292 m.
Images de "Debout, à quatre pattes, en rampant, nous avalons la galerie pour arriver dans une salle où un bloc fait penser à une table."
Encore un mois plus tard, donc 3 mois après la découverte, les trois même que la dernière exploration, plus Jean-Marc, nous retournons à la grotte.
Jean-Marc essaye le passage à gauche après la sortie des massues et se coince. La reprise de la spéléo et l’envie de faire de la première font perdre quelques repères !
Après une peur partagée, nous invitons Jean-Marc à prendre plus de précautions.
Arrivés sous la table, marteaux et burins rentrent en action plusieurs heures pour rendre moins sévère le passage.
Après être passés, nous nous rendons compte que Patrice avait dit vrai.
«On va aller jusqu’où comme ça ?»
«Je ne sais pas…»
Passage dans les blocs, ramping, nous arrivons dans une salle.
En regardant l’entrée de la grotte, celle-ci présente un dièdre sur la droite. Nous l'appellerons « La salle carrée». En réalité, la topo présente une salle triangulaire…
«C’est un cul de sac, on a dû rater quelque chose avant»
«Attends, c’est peut-être comme la salle de la table»
«Je regarde… ça passe… c’est joli »
Nous progressons rapidement, mais malgré la première, la fatigue se fait sentir.
Paul et Jean-Marc s’arrêtent. Patrice et moi continuons un peu. Debout, quatre pattes, debout, quatre pattes…
«Patrice ça sent la rivière, il fait plus froid…»
«On entend rien ! çà fait plus d'un quart d’heure qu'on continue, on s’arrête, avec le temps pour le retour, les autres vont sûrement s’inquiéter»
«Ok, je fais un cairn pour marquer notre point d'arrêt»
TPST : 9 H 30
Suite, si vous le désirez, dans les prochains jours
Dernière modification par Eric P88 (06/08/2015 21:34:12)
Hors ligne
Bien joué !!!
Vivement la suite.
RL
Hors ligne
Eric P88 a écrit:
Dans le doute : ça plaît , ça ne plaît pas , je mets la suite
SI si !! c'est bien
Merci de nous faire partager cette expédition ...
Hors ligne
Bien sûr que ça plait.
Lorrain de Moselle, je serais bien venu voir de près mais la description et les photos me font penser que j'ai pris trop "d'épaisseur" !
JM Toussaint
Hors ligne
Merci Rémy, Kalibator, jmt57 et Jef2192 pour vos réactions positives et les encouragements à poursuivre.
Je viens de rescanner une photo (sortie des massues vers fond) car elle disparaît à chaque fois, malgré plusieurs hébergements dans les dates (donc nouveau fichier) ????
Avec la création d'un nouveau fichier sur mon ordi et un nouvel hébergement, j'espère que ce sera bon !
Ce qui est dommage, c'est que j'ai pas fait x premières, mais on peut faire un CRES sur une sortie club, une sortie d'initiation, une désob... Et il y a bien d'autres spélos qui vont nous faire partager quelques sorties
Dernière modification par Eric P88 (23/01/2013 22:11:06)
Hors ligne
Suite du CRES
Fin décembre retour à deux à la grotte.
Le début du trou est toujours assez difficile.
Nous arrivons au cairn avec une drôle d’impression. L’envie que cela continue, mais un peu différemment car c’est assez éprouvant et angoissant.
A peine cent mètres après nous enjambons une fissure dans le sol.
«Une rivière !…»
«Je le sentais, la dernière fois…on continue l’axe principal ou on fait la rivière ?»
« On continue l’axe principal, on regardera la rivière en revenant. »
« ok, on y va »
Après plusieurs centaines de mètres, nous butons sur un passage étroit.
Retour au-dessus de la rivière et prise d’un repas bien mérité.
«Tu as la forme, on fait un bout ?»
«Oui»
Nous descendons par une opposition dans la rivière.
«L’amont ou l’aval ?»
«Vu l’heure, on essaye l’amont»
«Ok»
Je marche en regardant Paul derrière moi. En me retournant, je stoppe net.
«Qu’est-ce qui t’arrive ?»
«C’est profond…et c’est un siphon !»
"Viens voir"
«On fait l’aval !»
Après avoir fait plusieurs centaines de mètres nous faisons demi-tour.
Cette fois-ci, c’est Paul qui a poussé un peu plus loin que moi.
TPST : 7 H
Le ??/1991 : Exploration et aménagement de passage.
Paul est revenu avec d’autres spéléos du club, mais le niveau de l’eau dans la galerie principale les obligea à faire demi-tour. En revenant ils agrandirent en hauteur le passage avant les massues et sacrifièrent la concrétion… peu de monde s’en plaindra, car le passage était vraiment difficile.
TPST : ?
Début mai 1991 : Exploration en première.
Nous retournons dans la cavité avec d’autres membres du club. L’objectif est de poursuivre l’aval de la rivière.
«Passez devant, nous l’avons fait la dernière fois et c’est joli de voir une eau si claire»
Nous arrivons au terminus de Paul, malheureusement quelques dizaines de mètres plus loin nous butons sur une sévère voûte mouillante.
Fabian, assez à l’aise dans l’eau, la passe avec précaution.
«Derrière c’est encore pire, mais il y a une petite galerie sur la droite»
En remontant, nous explorons un affluent temporaire qui bute sur des blocs, comme nous sommes en dessous, nous appellerons ce passage «la trémie».
TPST : 9h30
Après cette exploration, nous décidâmes de divulguer l’existence de cette grotte aux autres spéléos, à la revue nationale de la fédération (Spelunca) et à la presse locale, mais avant tout à la commune.
Une projection à des membres du conseil municipal des diapos effectuées au cours des explorations fut donc organisée. Un débat assez difficile sur la sécurité s’ensuivit. Le fait que les deux principaux explorateurs soient de bons niveaux a permis d’aplanir bien des doutes.
Le siphon amont de la rivière pérenne
Le début de la rivière
Un peu plus loin
Encore plus loin, plus on avance, plus c’est large moins c’est haut…
Vers la fin de la rivière (tout du moins pour les spéléos)
La voûte mouillante avant le siphon aval impénétrable (sur cette photo, le spéléo revient vers l'amont)
Suite du CRES...dès que possible !
Dernière modification par Eric P88 (23/01/2013 22:09:35)
Hors ligne
Nous venons de voir l’essentiel de la découverte, mais il reste encore quelques prolongements et péripéties…
Comme vous pourrez le constater, les intervalles de temps entre chaque exploration vont fortement s'amplifier car la cavité n’est pas facile à explorer avec des kits lourds et au niveau professionnel, j’ai vécu 10 ans infernaux… et pas vécu à coté…
Extrait d’un compte rendu de mon ancien club qui en 3 sorties entre début février 1992 et fin mai, a permis une nouvelle découverte.
Nous sommes partis pour une reconnaissance des lieux, car pour une partie de l’équipe, c’est leur premier « quatre pattes » dans la cavité. A 300 m du fond, nous remarquons dans le sol de la galerie, entre deux petits blocs, un vide, nous les retirons et découvrons une diaclase que nous estimons à 250 m de long.
Au début, haute de 1,50 m pour une largeur de 0,60 m, plus nous avançons, le plafond s’abaisse et le sol se couvre de calcite. A notre première visite, nous ne verrons pas le bout, car vers le fond, nous trouvons de l’eau et le plafond est à 40 cm.
La deuxième visite : la cavité est en crue, et nous trouvons de l’eau dès le début de la diaclase.
C’est lors de la troisième visite que nous touchons le bout (5 m de plus que la première fois), nous sommes arrêtés par un rétrécissement. Lors des trois visites, nous sommes allés à la rivière, et à la trémie de l’affluent où nous avons tenté de la désobstruer sans succès (il faut faire 3 ou 4 tirs et on passe). Il reste beaucoup de choses à faire dans cette cavité qui garde encore ses secrets.
TPST : ?
De mai 1992 à fin août 1993 : Topographie
TPST : 33 heures en 5 sorties (5, 6, 5, 5 et 12)
Juillet 1995 : Exercice secours dans les 500 premiers mètres avec nombreux agrandissements de passages.
Avril 1996 : Topographie de la rivière et de la fin du réseau
TPST : 13 heures
Fin octobre 1996 : L’objectif est le passage de la trémie et la topographie du petit affluent de la rivière.
Nous partons lourdement chargé : perforateur, accus, burins, massettes…nourriture, matériel topo.
Malheureusement, l’artificier de l’équipe a voulu innover et les tirs ne sont pas partis… Chose à ne pas faire si loin de l’entrée… C’est la mort dans l’âme que nous voyons une salle que nous laissons inexplorée. Cela sera pour plus tard…
TPST : 11 H
Début juillet 2000 : L’objectif est toujours le passage de la trémie…
Nous nous retrouvons à trois à l’entrée dont Sylvie qui a découvert la spéléo en 1999 et qui explore la grotte pour la première fois. Nous ne sommes pas assez au vu du matériel à emporter, toutefois nous essayons.
J’étais revenu avec un étudiant en juin 2000 (pour sa maitrise de géomorphologie) et j’avais constaté que l’entrée était devenue infranchissable au bout de quelques mètres, c’est donc muni d’une pelle que nous nous enfonçons dans la grotte.
La progression est lente, beaucoup de terre et de pierres sont revenus. Après environ une demi-heure nous franchissons le passage. Nous arrivons à la salle de la table en deux heures ce qui est beaucoup trop pour envisager de continuer avec des kits aussi lourds.
Après débat, nous décidons de travailler dans la diaclase de la salle qui est aussi un objectif intéressant.
C’est donc grâce à la massette, au burin…et l’huile de coude que nous progressons.
Nous nous relayons à trois ce qui permet à chacun de participer et de se reposer. La calcite est belle mais très dure. Un premier passage est vaincu, puis un deuxième. Nous progressons de neuf mètres dont quatre sous un plancher stalagmitique. Fabian estime qu’il vaut mieux passer au-dessus car nous voyons une suite.
Accus, perforateur, forets, tout est passé à Fabian. Le perçage est difficile car la roche est dure et la position inconfortable. Cette fois le tir est bien parti… trop bien parti… effet « canon » : la roche est restée en place.
Après le rangement du matériel et l’estimation du travail à effectuer nous décidons de profiter de la lampe torche pour explorer de fond en comble tout le parcours entre la salle de la table et la salle carrée : R.A.S.
Nous revenons à la salle de la table et reprenons les kits. La fatigue est là et le retour est pénible surtout entre les massues et la sortie, qui a mon goût n’a pas été assez pelletée à l’aller…
Pas facile de se mettre debout dans une galerie de 30 cm de haut : je craque 5 mn avant de me resaisir
Un sérieux travail s’impose après le coude d’entrée, mais avant celui-ci il vaut mieux laisser en état pour éviter les « touristes ».
TPST : 11 H
Mars et mai 2003 : aménagement des 20 premiers mètres d’entrée.
TPST : 10 heures pour les 2 séances
Septembre 2003 : L’objectif est toujours le passage de la trémie
Après un été caniculaire… et malheureusement pour l’exploration, quelques orages, nous nous retrouvons à 5 devant l’entrée. Il est 10 h et il fait beau. 3 spéléos et amis d’un autre club sont venus nous rendre une petite visite. Ils ne participeront pas à l’explo car deux semaines avant, ils sont venus faire un tour, mais ont fait demi-tour en raison d’une peur de rencontrer des renards et en raison de l’odeur (les excréments laissés par différentes bêtes dégagent une odeur peu sympathique).
"Qui passe le premier ?"
Car en plus des renards, de l’odeur, les m*rdes sont quelquefois dans le passage. La grotte n’est déjà pas facile, mais avec ça en plus, les spéléos ne se bousculent pas au portillon.
Le travail de l’entrée est fortement apprécié, car les kits sont lourds. Des massues à la table, le sol est jonché de petits tas indésirables (mais combien sont-ils pour faire tout cela…)
Arrivés à la table, nous voulions donner un coup de torche pour visualiser la suite de la diaclase car la dernière fois la poussière et la condensation empêchaient de visualiser.
Surprise, dans le faisceau de notre lumière : 4 yeux !!! Bon, on regardera un autre coup…
A noter que c’est la première fois que nous apercevons des animaux vivants dans la grotte et de plus à 300 mètres de l’entrée, tout du moins, la nôtre. Pause repas avant la salle carrée et arrivée au « chantier » vers 15 h, ce qui représente 3 h30 de progression et 30 minutes de repas. Tout le matériel est sorti.
Analyse, perçage, soufflage, installation, bourrage, branchement… grand souffle, gros BOUM… attente, nettoyage, dégagement d’un dernier bloc et… enfin PASSAGE EN PREMIERE.
Dans ce cas là, tout est beau et la fatigue disparaît. Afin d’éviter l’erreur du début de la découverte de la grotte, j’oblige l’équipe à effectuer la topo simultanément à notre progression, pas de problème tout le monde est d’accord.
Découverte de plus de 200 mètres de nouvelles galeries, de nouveaux affluents à revoir et d’un petit siphon. Retour à peu près à la même vitesse qu’à l’aller. Il faudrait encore aménager quelques passages aux alentours des massues…
TPST : 13 H
Le reste devrait passer en un épisode
A+
Hors ligne
Suite et fin du CRES
Novembre 2005 : Plongée du siphon amont
Une équipe de neuf spéléologues composée de différents clubs vosgiens et du sud de la France profite du WE de 3 jours pour organiser une plongée dans le siphon amont de la rivière.
Le siphon était connu depuis 1991, mais aucune plongée avec bouteilles n’avait été réalisée. Seule une reconnaissance en apnée avait été effectuée en 1992 par un spéléo plongeur d’un club de Meurthe et Moselle.
Frédo, un des meilleurs plongeurs de France de siphons en fond de cavités, ami du groupe pour qui nous avons fait de nombreux portages en France, nous a fait l’honneur de mettre sa disponibilité et son expérience afin de poursuivre l’exploration et l’étude de cette cavité.
Le début de la cavité surprend un peu nos invités d’autant plus que les animaux ont sapé notre travail du printemps 2003 en remettant au milieu la terre que nous avions mise sur les côtés.
Frédo, large d’épaules et de thorax ne sent pas le passage en montée avant les massues, et nous commençons un fatiguant travail d’agrandissement à la massette et au burin. De même aux passages amont et aval des massues. Après pas mal d’efforts, toute l’équipe se retrouve dans la grande galerie.
A la salle de la table, ce sont trois renards qui nous accueillent, dont un qui passe sous le bloc ! Je passe en premier peu rassuré… Le reste de la progression se déroule sans encombre.
Arrivés au-dessus du siphon, nous mangeons et Frédo prépare minutieusement sa plongée.
La plongée n’a duré que quelques minutes car après une progression d’une quinzaine de mètres à moins 4 mètres perpendiculairement au siphon, la galerie se resserre et ne laisse aucun espoir de poursuite à un plongeur. Une autre faille étroite au niveau de l’eau laisse entrevoir quelques mètres, mais là aussi, il n’est pas possible de passer. La rivière refuse de dévoiler ses secrets…
Pourtant malgré la sécheresse le débit de la rivière est fort, ce qui prouve qu’un réseau important se trouve derrière cet obstacle.
En aval de la rivière, une simple reconnaissance a été faite dans le siphon, mais un ensablement important laisse peu d’espoir à une plongée.
C’est donc avec certains regrets que nous retournons vers la sortie, mais avec la joie d’avoir effectué une belle sortie entre amis et d’avoir tout de même fait avancer la connaissance de ce réseau.
TPST : 12 H
J’espère que ce long CRES d’une découverte majeure sur le département vous a fait plaisir ou fait revivre, pour certains, de bons moments déjà vécus dans d’autres cavités. J'ai extrait et aménagé mes notes personnelles qui serviront peut-être à faire une monographie sur cette grotte. Pour en savoir plus : une communication a été réalisée dans Spelunca N° 121 pages 23 à 28 (mars 2011)
Pour compléter le CRES
Un chemin de rando passe devant la cavité, la commune a mis une signalisation. Le conseil n'est pas superflu
Devant l’entrée à moins de 100 mètres coule la Meuse qui vient d’entrer sur le département
En crue, avant que l’entrée se mette en charge, un phénomène de « bouillons » sort du pré et provoque un important débit
Un peu de chiffres
La grotte développe, à date, 2036 mètres. Ce qui la place en 3ème plus grande cavité du département qui maintenant contient environ 10 km de galeries et 4 grandes cavités (dont 3 avec rivière souterraine pérenne).
L’axe principal mesure 1241 m
La rivière 348 m
L’affluent de la rivière 230 m
Le point le plus éloigné de l’entrée (par le cheminement et non géographiquement) est l’extrémité de la rivière 1352 m
La topographie au 1/1000ème est sortie au propre début d'année 2010.
Depuis la plongée de 2005, je n'ai pas remis les pieds dans la cavité, car j'ai eu quelques soucis de santé et une forte baisse de la pratique de la spéléo.
A ma connaissance, il n'y a pas eu reprise des travaux par d'autres spéléos, mais qui sait.....
Fin du premier CRES du forum "Exploration", mais j'espère en lire beaucoup d'autres, d'autres spéléos, d'autres régions, d'autres pays, .... N'oubliez pas, ça peut être sur une simple sortie classique, dans un trou connu, le principal est de vouloir partager des anecdotes, une ambiance, des emm*erdes, enfin tout !
N'hésitez pas à mettre vos réactions sur ce CRES...et d'utiliser aussi le forum "Exploration" pour préparer vos explorations ou inviter à venir renforcer des équipes
Hors ligne
Merci à toi pour ce compte-rendu sympathique
je te souhaite de pouvoir y retourner prochainement,
visiblement, cela te manque ...
++
Hors ligne
Bravo et belle demonstration d' explorateur déterminé.
Tiens pour le coup du bouillon dans le champ
on à la même chose à 300m d' un boyau de 1200m qu' on à exploré dans les années 90
En crue ça sort par l' entrée et par le champ....
Hors ligne
Kalibator a écrit:
Merci à toi pour ce compte-rendu sympathique
je te souhaite de pouvoir y retourner prochainement,
visiblement, cela te manque ...
++
Merci.
Je n'ai jamais stoppé la spéléo mais fortement réduit le nombre de sorties, mais c'est vrai que depuis 2 ans, je reviens un peu plus sur le terrain et ça fait du bien !
Les 1000 diaclases, ce n'est qu'à 45 mn de chez moi, mais ce qui me freine le plus...c'est les renards ! A voir s'ils sont plus partis ...ou l'inverse
De temps en temps, je vais traîner à l'entrée, mais pas facile à voir.
Toutefois pour aller bosser au fond, il faudrait que je fasse encore un peu d'entrainement avant...
J'aime bien la tête de ton avatar : "c'est trop injuste !"
Hors ligne
Gaffal a écrit:
Bravo et belle demonstration d' explorateur déterminé.
Merci également.
Quand tu participes à une découverte comme celle là, tu trouves assez facilement la motivation. mais c'est vrai qu'il faut être déterminé pour monter des équipes...et surtout faire la topo
Il est vrai que certains passages ont "filtré" des spéléos motivés...c'est pour ça qu'on a agrandit plusieurs fois les mêmes passages.
A chaque travaux, tu dis : "on aurait dû le faire avant, maintenant c'est quand même autre chose !" et puis quelques temps après, tu oublies que c'était encore pire et tu trouves encore difficile le passage !
Les passages sous la table et aux massues ont bien évolué, et en plusieurs étapes, hé bien ils sont encore trop petits !
Tiens pour le coup du bouillon dans le champ
on à la même chose à 300m d' un boyau de 1200m qu' on à exploré dans les années 90
En crue ça sort par l' entrée et par le champ....
ça ne te dit pas de nous en parler un peu plus si tu as le droit d'en parler, car je sais que ce n'est pas toujours simple !
Nous, la montée en crue se fait en plusieurs étapes : c'est toute la couche de bajocien inférieur qui se sature...et ensuite ça sort de partout sur des kilomètres !
De temps en temps, très rare, c'est un véritable torrent qui sort de l'entrée (voir la photo qui n'est pas de moi dans l'article de Spelunca), alors que je suis quasi certain que l'eau n'emprunte pas le parcours spéléologique.
Hors ligne
salut eric ;
c'est vraiment passionnant, ton récit d'exploration, d'autant plus qu'il me semble que tu as quelques petits talents littéraires , j'aime bien ton style de narration...
mais tréve de brosse à reluire , je voulais simplement te faire la petite remarque suivante :
la présence supposée de renard à l'entrée de ce type de réseau m'inquiéte par le fait que ces sympatiques bestioles sont susceptibles de te refiler de dangereux microbes ou parasites , te bousillant le foi ,( tu sais la masse rougeatre qu'on a dans le bide ...) en moins de deux ... (sans même parler de la Rage ...)
c'est un garde chasse de ma région qui m'a mis en garde sur ce truc là...
donc méfie toi ...
à plus
Titou des G
Hors ligne
bisounours83 a écrit:
salut eric ;
... ces sympatiques bestioles sont susceptibles de te refiler de dangereux microbes ou parasites , te bousillant le foi ,( tu sais la masse rougeatre qu'on a dans le bide ...) en moins de deux ... (sans même parler de la Rage ...)
c'est un garde chasse de ma région qui m'a mis en garde sur ce truc là...
donc méfie toi ...
à plus
Titou des G
Oui tu as tout à fait raison, ce problème répond au doux nom de : Échinococcose
Après la sortie de la plongée de 2005 où j'avais eu froid et j'avais déjà un état de fatigue avancé, je me suis fortement intéressé à la question, j'en avais même parlé à mon médecin...
Dans le secteur, je connais plusieurs personnes (non spéléos) qui ont été contaminées par cette saloperie...
Maintenant, tu ne fais plus 50 bornes sans voir un renard...vivant ou aplati... ça devient de la folie !
Hors ligne
Gaffal a écrit:
Bravo et belle demonstration d' explorateur déterminé.
Tiens pour le coup du bouillon dans le champ
on à la même chose à 300m d' un boyau de 1200m qu' on à exploré dans les années 90
En crue ça sort par l' entrée et par le champ....
salut Eric , Salut Gaffal , salut à tous …
relisant attentivement cet intéressant compte rendu d'explo des Vosges calcaires , cette histoire de bouillon dans un champs m'a rappelé une anecdote :
me promenant en hivers , par un temps fort pluvieux , sur les hauts karsts du Massif de la Sainte Baume , dans le var , mon attention fut attirée par un curieux phénomène ...
cela se passait , pour ceux qui connaissent , ou qui seraient intéressés , sur le chemin de terre qui mène à une glacière , la glacière Pivaut, un lieu touristique fréquenté du centre Var ...
Comme il pleuvait doucement, d'une de ces pluies d'hivers , fine et continue , la piste de terre , tracée a travers les lapiaz et légèrement pentue , ruisselait d'une fine pellicule d'eau de pluie …
à un endroit précis du chemin ainsi inondé , et nulle part ailleurs , je pus constater alors la formation progressive de grosses bulles d'air , qui tardaient à éclater ,une fois qu'elles aient atteint un diamétre d'environ 4 à 5 centimètres …
elles ressemblaient aux "bulles de savon " que nous fabriquions , étant enfant , avec un peu d'eau savonneuse …
je m'interrogeait alors naturellement sur la cause de cette insolite production de bulles , à cet endroit , et nulle part ailleurs …
apparemment , il n'y avait ni savon , ni détergent dans les parages , un lieu bien sauvage et complétement paumé ,totalement exempt de pollution , il faut le dire …
je crevais alors négligemment ces bulles insolites avec le bout du pieds , et continuait mon exploration hivernale des lieux …
au bout d'une bonne heure , revenant ensuite sur mes pas , par le même chemin , toujours ruisselant de pluie , je pus constater alors que les curieuses " bulles d'air " étaient spontanément réapparues au même endroit de la piste !!!
toujours intrigué , j'examinais alors soigneusement le sol à cet endroit , et n'y constatait absolument rien de singulier ou d'anormal …
pas la moindre fissure , le moindre , trou , le moindre insecte ou animal , possiblement affligé de flatulences , ayant abusé d'un délicieux cassoulet ...LOL MdR
je suis reparti sans avoir la moindre explication certaine sur cet intriguant phénomène …
et toi , ami lecteur de ma prose , qu'en penses tu ? aurais tu une explication ? aurais tu constaté ce genre de curieux phénomène, lors de tes pérégrinations en région karstique ?
pour ma part , j'ai bien une hypothèse , en fait …
il se peut que , à cet endroit précis de la piste , un chemin plus tôt , une minuscule fissure ou diaclase , communicant avec un réseau karstique sous jacent , souffle de l'air a travers la terre plus ou moins sableuse , créant ponctuellement des bulles d'air …
mais je n'ai pas d'explications sur le fait qu'il puisse y avoir un " agent moussant " dans l'eau ruisselant sur le chemin … vous avez une idée là dessus ??
du camping sauvage , à cet endroit , et à cette saison , est hautement improbable , en fait … pas de cause de pollution possible …
il y a bien une autre " glacière " rénovée et habitée dans les parages , mais elle est située à une distance importante du lieu dont je parles …
bon , n'allez surtout pas en conclure qu'il vous suffira , lors de vos prospections karstiques hivernales sous la pluie , d'asperger vos chemins avec un peu de flotte généreusement mélangée avec une grosse dose de " produit à vaisselle " …
et tout ça pour visualiser les fissures bouchées susceptibles de laisser percoler un peu d'air vers la surface ?
mais bon … il y a toujours des " Idées à la C.n" , qui peuvent déboucher sur des procédés pertinents … non ?
ok ,
à plus les gars …
Titou des Garrigues ...
Dernière modification par bisounours83 (24/01/2020 12:52:57)
Hors ligne
Nouvel outil pour détecter les cavités :
je sors....
Hors ligne
non , Reste , Riton !!
car elle est vraiment bonne , celle là !! franchement , je Like !!!
hier , nous étions en train d'expérimenter des liaisons entre différents modèles de TPS ( Nicola et Pimprenelle) , sur et sous nos chers Lapiaz du Centre Var …
les copains m'ont dit que j'ai toujours une foultitude d'idées , souvent bonnes , bien que d'autres soient moisies , il faut le dire … peut pas être à "donf ", tout le temps ...
je me suis donc demandé si je ne pourrais pas employer cette méthode ,très certainement inédite , afin de vérifier si certaines "petites " dolines de quelques métres de diamètres , ne souffleraient pas discrètement …
voilà : tu remplis de flotte un seau de maçon de 10 litres , et tu y rajoutes une copieuse ration de "produit vaisselle " , afin d'avoir une eau savonneuse qui mousse abondamment …
ensuite tu arrose régulièrement ta doline avec cette eau savonneuse …
en théorie , si cela souffle entre deux cailloux , tu devrais avoir des bulles , nan ?
on emploieras un produit biodégradable , bien sur , pour ne pas avoir les écolos sur le dos , hein ?
de toute manière , si cela ne marche pas , il y à toujours des chances que cela fasse sortir les vers de terre de la doline , ce qui vous permettras d'aller à la pêche , pour vous consoler , nan?
peut être qu'un vaporisateur , type seau pompe , pourrait mieux convenir , pour arroser régulièrement le sol ?
bon , si vous voulez" Brain Stormer " avec moi , là dessus …
à+
titou des garrigues
Hors ligne
Salut Eric ,
je pense que je ne suis pas le seul à s'être interrogé sur le nom que vous avez choisi pour ce beau réseau à la morphologie singulière ... la Grotte aux mille diaclases …
j'ai essayé donc de trouver sur le Web , une petite topo de cet insolite réseau …
en l'examinant succinctement , j'ai cru comprendre que c'est parce que la galerie "principale " du réseau , est très régulièrement recoupée par une multitude de diaclases , plus ou moins à angle droits , c'est bien cela ?
petite question , du temps que j'y pense , vous êtes à quelle profondeur de la surface , en moyenne ??
j'imagine que cela ne doit pas être très profond …
si c'est le cas , jusqu'à 20 métres de profondeur , il est possible , si besoin , de recaler la topographie du réseau en pratiquant un radiobalisage à l'aide d'une simple paire d' ARVA , de type Ortovox F1 Focus , par exemple …
si c'est plus profond , il faudra alors employer une radiobalise dédiée spéléo , plus puissante … il y a des gars , de par chez toi , qui pratiquent la discipline ...
pour info , sache que" l'erreur moyenne " d'une topographie spéléo réalisée avec les moyens classiques ( Disto X , Boussole , Compas , clinomètre , Topo fil , double décamètre , etc...) dans des
conditions plus ou moins "merdiques ", serait de 3 à 4 % …
kantenge par là ? euh qu'entends je , par là ?
un exemple :
sur une topographie développant 500 métres , par exemple , l'erreur possible entachant les coordonnées du dernier point du réseau , seras d'environ 500 x 0.03 , ou 500 x 0.04 , soit 15 à 20 métres …
au bout d'un kilomètre , tu auras 30 à 40 métres , environ …
bon , c'est un exemple , qui peut grandement varier , en fonction du soin que tu auras apporté à la réalisation de la topographie du réseau … si tu as fait cela comme un pro , avec théodolite , et laser , , ton erreur peut devenir négligeable …
ok , à +
Titou des garrigues
Dernière modification par bisounours83 (29/01/2020 09:36:03)
Hors ligne
Pages: 1 2