Bonjour,
Je fais appel à la communauté pour savoir si quelqu'un n'aurait pas une recette miracle pour redonner son éclat à un mousqueton en zicral qui porte des traces d'oxidation.
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Salut,
si c'est un skiff récent, pas de pb. une petite pâte à polir trés fine fera l'affaire.
Mais il convient de te méfier de l'oxydation que tu ne vois pas ; en effet, une petite tache(taille d'une pointe d'épingle) peut cacher une altération sous la surface qui se dévellope comme une carie dentaire et celle-ci n'est pas visible et peut faire trés mal!
Amitiés Pascal
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Bonjour
Bien faire attention! Certaines oxidations peuvent se faire dans la masse. nous avons à plusieurs reprises récupéré des mousquifs qui étaient restés plus ou moins longtemps sous terre et qui aprés découpage montraient des traces en profondeur, voire une déterioration quasi complète. Peut être est-ce du à un effet de type éléctrolise? Je me suis aperçu que le contact avec certaines argiles peut accélérer ce processus.
Moi, je jette dés que j'ai un doute, n'étant pas spécialiste en métalurgie ou en chimie moléculaire.
A+
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Bien sur qu'il peut y avoir des couples électrolytiques qui se forment, surtout avec le Magnésium de la dolomie. Ca doit dépendre d'un tas de facteurs, l'hygrométrie, l'activité biopédologique, l'acidité des eaux d'infiltration, etc.. Voilà un problème à traiter pour les forts en science, ça ne manque pas à la Fédé.
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Petit rappel sur le Zicral.
Le zicral classique est un alliage d'aluminium avec 5 à 8 % de zinc (connu sous le n° 7075) mais on appelle parfois aussi zicral des alliages de ce type enrichis d'un peu de magnésium ou de cuivre.
Moins tenace que l'acier ou le tungstène, il offre tout de même de bons rapports résistance / masse et résistance / prix, ce qui est encore plus important pour fabriquer un longeron d'aile d'avion qu'un mousqueton dans lequel le matériau lui-même ne représente que quelques % du prix de vente.
C'est un alliage "trempant" autrement dit " à durcissement structural" thermique. A la sortie de la fonderie, il est relativement mou et est placé à 120°C pendant quelques centaines d'heures. Il atteint alors son maximum de dureté mais si on le laisse trop longtemps, il va se ramollir. Il est ensuite trempé (refroidi brusquement) comme un vulgaire acier…
Attention : si on chauffe le zicral a plus de 450°C, on le remet dans son état de sortie de fonderie et on divise sa dureté par 3 ou 4 et sa résistance encore davantage ! et ça ne "revient" pas au refroidissement.
Conclusion 1 : Ne jamais chauffer une pièce en zicral, par exemple pour la marquer : poinçonnage à chaud comme pour le fer (un peu rare pour le matos spéléo, OK) ni marquage laser (beaucoup plus usuel) car un point surchauffé peut devenir un point faible. Ne pas le souder.
Le zicral est connu pour être sensible aux criques (corrosion superficielles qui affectent souvent les endroits soumis à de légères déformations : ne faites pas confiance à un MAVC qui joue : c'est irréversible et il vous emmerdera jusqu'au jour où vous serez obligé de couper le baudrier pour en sortir) et surtout à la corrosion intragranulaire. Beaucoup de spéléos ont vu des mousquetons en zicral fortement oxydés malgré la protection de surface (anodisation) et d'aspect à faire peur aux plus téméraires. C'est souvent le cas de mousquetons laissé en fixe sous terre.
Conclusion 2 : Ne pas équiper en fixe avec des mousquetons zicral.
L'oxydation pénètre dans le zicral mais assez lentement et je n'ai jamais entendu parler d'un mousquif de ce genre qui ait pourri par en dedans sans que l'extérieur ne soit déjà largement attaqué : le plus trompe-la-mort jettera sans hésiter un mousquif qui a encore 75 ou 80 % de sa résistance initiale à la rupture.
L'oxydation est toujours un phénomène électrochimique ! Parmi les éléments qui favorisent le plus cette évolution :
- une eau fortement minéralisée (y compris très calcaire, mais pas la dolomie car elle est à peu près 7 fois moins soluble que la calcite),
- la présence d'argile qui laisse un emplâtre humide sur le métal et le met en contact avec des ions comme le fer, toujours présent dans les argiles souterraines, susceptibles de s'échanger avec des atomes de l'alliage, en particulier avec le zinc. Il ne reste plus à l'aluminium "libéré" qu'à en faire autant.
Quant aux corrosions par l'intérieur, susceptibles de "vider" littéralement un mousqueton en ferraille ou un boulet de canon du 18e en ne respectant qu'une couche externe assez fine, elles encore plus évidemment électrochimiques mais les expliquer serait un peu trop long aujourd'hui.
S'il y en a que ça intéresse et qui sont prêts à s'accrocher (au raisonnement, pas au mousquif rouillé !).
Vetus Reptator
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merci de l'explication......
Par contre j'ai remarqué qu'en rangeant des mousquetons zycral et des mousquetons acier encore mouillés dans le kit, le même phénomène se produit (taches blanche), est ce de la corrosion galvanique ?
peux tu nous expliquer le phénomène ? merci d'avance
Pascal
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Pour la première question, la réponse est oui : on a un classique "effet de pile" :que je vais essayer d'expliquer le plus simplement possible (question 2 !) mais ce ne sera pas facile :
On sait que les atomes sont formés d'électrons (très légers et chargés en électricité négative) qui tournent autour du noyau (lourd et chargé positivement). La force qui attire (et donc retient) les électrons situés sur la couche périphérique de l'atome dépend principalement de la charge du noyau et de la distance entre les électrons périphériques. Plus précisément, on l'appelle l'électronégativité et elle est proportionnelle à la charge divisée par le carré du rayon de l'atome.
Lorsque deux atomes différents se trouvent en contact, l'un des deux attire davantage les électrons que l'autre et il va avoir tendance à attirer à lui les électrons de l'autre atome (Au voleur !).
Si la différence d'électronégativité est élevée, il va réellement arracher un électron au second et les deux atomes se transforment en ion (ion = atome avec une charge électrique due à un ou plusieurs électrons en trop ou en pas assez).
Exemple : un atome de chlore (on écrira Cl), très fortement électronégatif rencontre un atome de sodium (noté Na) très peu électronégatif. Le petit teigneux Cl ne fait ni une ni deux : il attire à lui un électron du Na et le lui pique sans vergogne ! Résultat : le chlore qui a gagné une charge négative devient l'ion Cl‾ (on dit "Cé-elle-moins") tandis que le sodium qui l'a perdue se retrouve positif sous la forme Na+ (Enne-a-plus, mais pas bifluoré). Les charges électriques opposées sont comme les sexes itou : elles s'attirent et forment une "liaison", dite ionique, dans le cas "que vous parle", forte et stable et le corps obtenu "NaCl" est parfaitement solide puisque c'est du vulgaire sel de cuisine.
Dans le cas de deux métaux, c'est un peu plus compliqué mais se passe quand même finalement à peu près pareil : la différence d'attractivité des deux types d'atomes ne permet pas le "soutirage" brutal d'un électron dans la poche du plus électronégatif mais comme il y a des milliards d'atomes en contact et que les métaux sont conducteurs, c'est à dire que des électrons peuvent circuler librement d'un atome à un autre, il y en a toujours un bon nombre qui passent de l'un à l'autre et aussi de l'autre à l'un.
Dans le cas qui nous intéresse le fer (symbole Fe) est plus électronégatif que l'aluminium (Al) du Zicral et les électrons passent plus facilement dans le sens Al -> Fe que du fer vers l'aluminium.
Au bout d'un certain temps (très très court !) il y aura plus d'électrons dans le fer que dans l'alu, d'où une différence de potentiel entre les deux métaux (0,83 V précisément !) en faveur du premier et cette tension compensera la différence d'électronégativité : aucun courant ne passera après celui du début.
Par la suite, si nos deux métaux restent dans un endroit parfaitement isolé du genre vide cosmique, il ne se passe plus rien mais si le milieu contient de l'eau, de l'oxygène, un acide, un sel… ces corps vont pouvoir réagir avec l'aluminium partiellement ionisé par exemple pour donner de l'oxyde d'aluminium (Al2O3 = de l'alumine) et surtout de l'hydroxyde Al(OH)3 qui est certainement à la base du produit blanc que tu as observé.
Cette réaction apporte de nouveaux électrons à l'aluminium et compense donc sa perte de potentiel au contact du fer tandis que du côté fer d'autres réactions, un peu plus compliquées, vont absorber les électrons en surnombre.
Un équilibre va s'établir entre le courant d'électrons qui va de l'aluminium au fer et les réactions extérieures qui neutralisent la différence de potentiel produite. Deux effets :
- un courant électrique permanent entre les deux métaux devenus des électrodes
- une altération progressive des deux électrodes qui peut durer tant qu'il reste du métal à consommer.
Ce processus est bien connu et a posé jadis de graves problèmes à l'époque des échelles souples à la "de Joly" avec des barreaux en "électron" (en fait une espèce de duralumin) fixés sur des câbles acier par des serre-câbles en laiton.
Si tu assures le contact au moyen d'une solution chimique qui entretient la réaction, tu as inventé la pile. Si de plus, tu choisis des métaux et un agent permettant à la réaction de pouvoir avoir lieu en sens inverse si tu fais passer un courant électrique dans l'autre sens tu as fabriqué un accumulateur.
Si tu n'as pas tout compris tu peux demander des précisions mais ce sera plus cher (prévoir le camion de bières !).
Vetus Reptator
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Salut michel.
C'est dangereux ou pas? Nous quand on voit de la mousse blanche ,on jette! (peut-être à tort).
Qui ne sait, s'abstient! (vieux dicton primitif viganais de survie)
A+
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BRAVO, belle explication .....
je connaissais un peu la réponse mais je voulais une explication "scientifique", chose faite, un grand merci ! !!
pour le carton de biere pas de soucis !
Pascal .
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Bonjour, je souhaiterai savoir si vous saviez en quoi sont fait en général les mousquetons que l'on utilise en spéléologie, canyonique ou même en alpinisme et escalade ? (acier? inox? alu?)
merci pour vos réponses
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Salut
L'immense majorité des mousquetons sont maintenant réalisés dans des alliages légers à base Alu de la famille des Zicral(voir les explications plus haut).
Il reste encore quelques applications en acier, pour des usages particuliers, toujours en acier ordinaire avec traitement de surface, mais sont assez rares.
Reste pour finir, la famille des maillons rapides, qui se déclinent en 3 matières :
- acier ordinaire zingué (exemple en spéléo, le GO 7 mm)
- L'inox, peu employé car très cher, mais quasi indestructibles
- le Zicral, extrêmement léger et plus résistant qu'annoncé par le constructeur (généralement Péguet)
Ta question, c'était pour quoi précisément ?
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